Conférence 2018 - Manipulation 3.0
Conférence-débat annuelle du FNR sur le thème très actuel des fake-news avec trois intervenants, Emmanuel Pierrat, avocat et chroniqueur TV, Romain Pigenel, ancien conseiller de l’Elysée entre 2012 et 2017 et Jean-Philippe Hubsch, Grand Maître du Grand Orient de France (GODF).
Les fake news, nouvelle stratégie d’influence de l’opinion
Les fausses informations (« fake news » ou informations bidon) visant à dénigrer ou à manipuler l’opinion, ont toujours existé. Mais la capacité fantastique de propagation offerte notamment par les réseaux sociaux, leur donne aujourd’hui une viralité inédite dans notre société hyperconnectée.
La liberté d’expression sans filtre est favorisée à travers opinions et récits étalés de façon frénétique et souvent polémique. L’efficacité du message diffusé à toute vitesse ne se soucie pas de la vérité et du mensonge. Toute opinion se vaut et l’anonymat à travers les pseudonymes permet de se dégager de la responsabilité de ses propos, d’alimenter la théorie du complot contre un « système » qui gouvernerait le monde de façon occulte.
Par ailleurs, si l’on suit la théorie d’Elie Pariser, les réseaux sociaux nous enferment dans des « bulles » de pensée en nous présentant en permanence des idées avec lesquelles nous sommes d’accord, limitant ainsi l’ouverture de notre réflexion.
Les garde-fous (comme les valeurs déontologiques) qui garantissent la vérification des informations avant diffusion, disparaissent ou sont affaiblis car discrédités, la frontière entre le vrai et le faux est totalement brouillée.
A qui profite le crime ?
« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose... » disait déjà Francis Bacon il y a cinq siècles… sauf qu’aujourd’hui, ces entreprises malhonnêtes d’intoxication numérique déstabilisent la démocratie en corrodant le lien de confiance entre les citoyens et leurs représentants en même temps qu’elles fragilisent les fondements du savoir.
En effet, elles se servent d’Internet et des réseaux sociaux pour peser sur les sujets abordés par les grands médias (la télévision en particulier) ; elles influent ainsi le vote et ouvrent la porte de l’espace public médiatique aux théories conspirationnistes.
Comment faire face ?
Toutes les actions visant à contrer la prolifération d’une forme de renoncement à la vérité, par le renforcement du vrai par la raison critique, sont salutaires. Ainsi l’Education nationale (au lycée, à l’Université) essaye de jouer un rôle satisfaisant dans ses programmes qui ne demandent qu’à se renforcer dans une société de l’image où les adolescents sont des cibles privilégiées.
Pour les médias, avec l’augmentation de la propagation de « fake news » ces dernières années, la vérification des informations est devenue encore plus cruciale pour le travail des journalistes. Certains organes de presse se sont organisés, individuellement ou collectivement, pour investiguer, contrôler, vérifier les informations (« fact-cheking » ou journalisme de vérification).
Pour parvenir à distinguer le vrai du faux, pour que la raison s’impose face à la propagation des croyances irrationnelles, tous les témoins avancés (dont les francs-maçons) n’ont-ils pas à œuvrer dans la société pour développer l’esprit critique, aiguiser le sens de l’argumentation contradictoire, trouver collectivement des réponses intelligentes partagées par tous ?
Les intervenants seront interrogés sur plusieurs aspects :
Comment le rapport à la réalité est-il impacté - Qu’est-ce qui est encore vrai - Qui dit la vérité - Est-il possible de rétablir la véracité des informations une fois diffusé le poison du soupçon généralisé - Comment rompre le maléfice de l’invérifiable - Le public avide de sensationnalisme, de merveilleux, ne cède-t-il pas trop complaisamment à cette tentation simpliste, en prenant toutes les données disponibles pour argent comptant ?
Quelle peut être la réponse juridique - Même en évoluant, les règles de droit ne sont-elles pas condamnées à être perpétuellement en retard, dépassées par le progrès technologique qui caractérise l’univers numérique - La réponse juridique peut-elle s’adapter sans apparaître comme un instrument de contrôle de l’opinion et de la liberté d’expression, sans renforcer le fantasme du complotisme - L’arsenal juridique du droit français est-il adapté pour faire face à ce danger - Pour autant, cette course a priori perdue contre ces informations mensongères doit-elle nous faire renoncer au souci de vérité - La réponse juridique est-elle la seule réponse possible pour établir la vérité sur la véracité des faits ?
Quelle peut-être la réponse des médias - Comment les médias, notamment la Presse Quotidienne Régionale qui est également en ligne, revisitent-ils la déontologie de leur profession, devant cette propagation des informations via Internet -
Quelle peut-être la réponse éducative - Les enseignements visant à proposer une lecture critique de l’image sont-ils suffisamment développés ?
Lieu : Hôtel de Ville
Adresse : Place Stanislas
Ville : Nancy
Département : Meurthe-et-Moselle
Région : Grand Est
Pays : France
Aucun commentaire sur cet évènement,